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PARTIE REMISE
17 mars 2010

Le téléphone m'a réveillée. Pourtant j'avais

Le téléphone m'a réveillée. Pourtant j'avais avancé l'heure de la sonnerie pour être sûre d'être levée quand ça arriverait. Mais une minute trop tard. C'était un téléphone sérieux avec un clown en civil qui avait un paquet de corrections à apporter à son travail avant le bon-à-tirer final. Bon-à-tirer c'est un truc que j'entendais cent fois par jour avant. Maintenant plus trop. Quoi qu'il en soit j'ai toujours aimé l'idée de bon-à-tirer. Bref. Le travail avec les clowns c'est un truc genre sérieux. Une connexion à garder à tout prix. Un dossier rempli de gens qui sont importants derrière leurs déguisements et leur sens du devoir. Je me suis levée, j'ai mis la piste 01 du dernier Luke dans la salle de bain et j'ai chanté en faisant caca, pour m'éclaircir la voix avant de téléphoner. Sans quoi on m'appelle monsieur au bout du fil, ça ne rate jamais (je te préviens) (au cas où) (un jour...).

J'ai fait le boulot. C'était facile. J'ai pas encore perdu la main. Là, j'attends avant d'envoyer le truc: j'attends le bon moment. Toujours cette histoire de temps. Le temps réellement passé à et celui qui sera chiffré. C'est stratégique. Mais qu'on se rassure, ça reste un truc qui s'inscrit dans des montants à trois chiffres. On est loin de ce qui se passe dehors. Je veux dire, tu me connais.

(...)

Cette fois c'est son téléphone qui m'a réveillée. Sa sonnerie, c'est une chanson des Queens of the Stone Age. Son portable, il le laisse toujours loin du lit, mais je ne sais pas encore si c'est parce qu'il l'oublie ou si c'est pour être sûr de se lever à la quatrième répétition. Et si jamais, le téléphone fixe sonne aussi plus tard, à 6h50, dernier appel à la douche et au boulot. Dernières pressions avant l'orgasme du matin, quand j'arrive à mes fins. Quand son envie ne fait plus aucun doute vu qu'il va jusqu'à enfoncer sa langue mouillée dans ma bouche pâteuse, alors que les effluves du matin nous surprennent à réveiller nos sens en débutant par le désir. (A moins que ce soit scientifique) (une pure pulsion naturelle) (rien de plus) (bref).

Dimanche on est allé au marché et après on a pique-niqué au parc sur une couverture pour pas se salir. Hier on est allé au cinéma et après on s'est embarqué un menu big-mac pour le manger à la maison devant un épisode de Braquo. Bordel, vu comme ça, écrit à la verticale en noir sur blanc, ça pue la belle grosse normalité. Le bon gros cliché. Finalement c'est bien ce que je voulais au fond, même si vu écrit comme ça, ça me fait un peu peur. Sauf que tu vois (et même tu sais peut-être), vu de l'intérieur ce n'est en rien déplaisant. Déplaisant comme dans:
"Putain Roger il est où il vient pas à l'apéro?
- Mais nan il vient pas il est avec sa meuf, j'crois qu'ils vont au resto.
- Encore, bordel mais il est toujours fourré avec elle... il va bientôt nous sortir "on va au chalet ce week-end" ou "samedi je peux pas, on va à Ikea".
- Etc.
(tu vois le genre) (je pourrais continuer pendant vingt centimètres de long) (on a TOUS eu ce genre de discussion) (on a tous un pote qui s'est éloigné un temps pour débuter une histoire à la con) (ou pas).

Sauf que voilà, avant je m'en doutais (que ces écarts cachaient sûrement de jolies choses) mais maintenant je comprends carrément: de l'intérieur, sans la pâleur d'un seul minuscule petit morceau de compromis ou d'efforts (POUR L'INSTANT), elle est tout aussi rock'n'roll que je le voudrais, la vie plongée dans le cliché (la bouteille de Chasselat vidée devant les balançoires et les malades en balade) (le dégotage de billets gratuits pour le cinéma) (qu'importe le film) (des canettes plein les poches) (ma main dans son pantalon) (ma main dans son pantalon) (etc.) (tu vois le genre).

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