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PARTIE REMISE
26 janvier 2010

Je regardais la larme se former dans le coin de

Je regardais la larme se former dans le coin de son oeil. Enfin je veux dire que je la voyais se former juste là parce qu'il n'y avait que ça dans mon champ de vision à ce moment là, cet oeil, qui ne s'était pas fermé plus d'une demie-seconde de suite durant les trente-six dernières heures qu'il avait passé allongé là.

Je regardais la larme et ça avait quelque chose de sacrement dramatique, je m'en rendais compte, la joue collée contre son épaule brûlante, la main planquée sous la couverture sur son ventre malade, je me disais bordel ça, c'est complètement un truc qu'il faudrait que j'écrive, plus tard. Elle a pris du temps, la larme, un sacré paquet de temps à rouler jusqu'à son oreille. Je la regardais grossir comme au ralenti et je me suis dit que le dramatique là-dedans, c'était encore qu'un truc purement cinématographique, la mise au point pile collée au coin de l'oeil, un truc qui touche tu vois, une image carrément triste ouais, mais une image, c'est tout. Alors qu'en fait, sans considérer le rayon de soleil là, pile bien orienté, l'homme nu maigre et malade allongé corps et yeux face au plafond avec cette larme au coin de l'oeil, il y avait cette magnifique et inespérée évidence que ça commençait à se passer finalement, je veux dire, qu'après les douleurs et l'angoisse, qu'après la purge, le manque et les délires, le corps respirait un peu, laissant enfin à sa tête le temps d'y pleurer penser.

J'ai pleuré du coup. Après tant d'heures sans jour ni nuit à veiller et à y croire pour deux, arrive cette larme, cette pauvre image trop putain de bateau, le moite sous ma joue et ma main, sous ma cuisse qui enserrait les siennes, tout ça faisait un peu trop d'un coup. Ca m'a fait du bien remarque, de savoir que je pouvais voir un peu au delà de l'image qui aurait fait une belle photo. Au delà du coté purement dramatique du truc (= une larme perlant d'un corps foutu flanqué d'une tête malade). D'apprendre de cette manière comme j'avais grandi, niveau coups durs. Je veux dire, qu'en dedans, j'arrivais enfin à voir par dessus l'idée que fondamentalement, la vie était mal faite. J'arrivais sincèrement à y croire bordel. Alors j'ai pleuré doucement sur son épaule, pas longtemps, en continuant d'espionner le désormais fameux coin d'oeil, duquel aucune autre larme n'a coulé depuis.

Reste à trouver le moyen de s'échanger nos confiances en la vie des autres et pour s'en faire filer un peu en retour de celle que l'on ressent file. Genre: "Tiens, toi! On dit que tu y crois pour moi et moi j'y crois déjà pour Roger mais j'ai encore un peu de place pour croire en toi, si ça te va."

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